vendredi 19 mai 2017

Jardin d’essai du hamma à Alger - CHAOUKI-LI-QACENTINA

Jardin d’essai du hamma à Alger

Une belle aventure naturelle


Après la Chine en 2006, l’Algérie a accueilli, du 2 au 6 novembre 2008, à l’hôtel El Aurassi, les travaux de la 12e conférence de l’Association des imprimeurs d’Etat des timbres-poste créée en 1986 à l’initiative des Etats-Unis d’Amérique et qui regroupait 22 pays. L’événement relaté en détail dans Philnews (n°70 de mars 2009), revue philatélique éditée par Mohamed Achour Ali Ahmed, membre de l’Association internationale des journalistes philatéliques (AIJP), a été marqué par une belle distinction pour la Poste algérienne, dans une épreuve qui a vu la participation de huit pays.
A l’issue de la cérémonie de clôture, et lors de la remise des prix aux meilleurs timbres de l’année 2007, la médaille d’or a été attribuée au timbre illustrant le Jardin d’Essai du Hamma, à Alger, dessiné par Ali Kerbouche, dans la catégorie offset, unique procédé d’impression appliqué aux timbres imprimés par la Banque d’Algérie. Un timbre paru dans une série consacrée aux jardins d’Algérie, émise le 5 juin 2007.
Symbole éternel du patrimoine environnemental de la capitale, le jardin d’Essai est à lui seul un véritable musée naturel classé parmi les plus riches au monde. Situé dans le quartier du Hamma, il s’étend en amphithéâtre, au pied du Musée national des Beaux-Arts d’Alger, entre la rue Mohamed Belouizdad et la rue Hassiba Ben Bouali, sur une superficie de 58 hectares.
Créé en 1832, il est considéré comme l’un des jardins d’Essai les plus importants au monde. Outre le jardin anglais, avec son petit lac et ses plantes aquatiques, il est plus connu par son aile ouest, occupée par le jardin français soigneusement taillé, avec sa magnifique fontaine, ses allées de platanes, des dragonniers, des ficus, des bambous et des palmiers. Des allées ornées par des sculptures en pierre d’Emile Gaudissard. Le jardin sera également connu par ses 1200 espèces végétales, mais aussi par son parc zoologique créé en 1900.
En 1918, l’Ecole d’horticulture et l’Ecole ménagère agricole s’implantent dans l’enceinte du jardin. Le Jardin d’Essai sera célèbre surtout par le tournage en 1932 d’une partie du film Tarzan, l’homme-singe, avec le légendaire Johnny Weissmuller. D’ailleurs, un arbre, situé dans le jardin anglais, très connu sous le nom «l’arbre de Tarzan», est l’une des principales attractions du site. La longue histoire de ce jardin retiendra aussi qu’il a été occupé par les armées des Alliés en 1942, et a subi aussi les bombardements de l’aviation allemande en 1943.
Après l’indépendance, il sera repris par l’Etat algérien, mais il connaîtra de longues années de dégradation. Il sera fermé de 2001 à 2009 pour des travaux de réhabilitation. Il sera rouvert en 2009, pour le grand bonheur des centaines de milliers de visiteurs qui viennent de tous les coins d’Algérie. Outre le timbre sur le Jardin d’Essai du Hamma, la série réalisée par Ali Kerbouche comprend également un timbre sur le jardin Landon, de Biskra, et un autre sur le jardin Ben Badis, à Oran.
Le premier est situé le long de l’oued Sidi Zarzour, saint-patron de la ville de Biskra. C’est un magnifique jardin de 5 ha créé en 1872 par le comte Landon de Longueville, un amoureux de la nature, pour acclimater différentes espèces végétales méditerranéennes et tropicales. Le lieu, appelé «Garden of Allah» par le romancier anglais Robert Hitchens, est une source d’inspiration pour plusieurs artistes.
Parmi les plus célèbres dans le monde des arts et des lettres, qui ont séjourné à Biskra, on citera André Gide, Bela Bartok, Nassredine Dinet, Eugène Fromentin, Henri Matisse, et même Karl Marx. Dans son testament, le comte Landon de Longueville lègue son jardin à la commune de Biskra. Après des années d’abandon, le jardin Landon vient de bénéficier d’une réhabilitation.
Pour le jardin Ibn Badis d’Oran, ex-Promenade de Létang, il a été aménagé en 1836 sur ordre du général français Létang, qui lui a donné son nom. D’une surface de 6 ha, il est classé site naturel et patrimoine historique de la ville d’Oran depuis 1952. Situé en bas de la place d’Armes (place du 1er Novembre), le site permet de contempler la baie d’Oran, ainsi que ses monuments archéologiques et historiques. Malheureusement, il se trouve dans un état de délabrement désolant.
Par/Arslan Selmane

lundi 15 mai 2017

Des spéléologues font une découverte archéologique - CHAOUKI-LI-QACENTINA

Des spéléologues font une découverte archéologique - 


Un membre du CSSM sur le lieu de la découverte         
Au cours d’une mission d’exploration de la grotte dite d’«Hercule», sise sur le flanc sud du mont Gouraya, l’équipe du Club de spéléologie et sport de montagne de Béjaïa (CSSM) a trouvé, par pur hasard, trois pièces de monnaie anciennes en or de l’ère des Almoravides.
La découverte a été présentée au public qui est venu nombreux, hier, au musée Bordj Moussa, dans la haute ville de Béjaïa. Pour Hamid Yahi, membre du club, «en réalité les pièces en or ont été découvertes à la fin de l’année 2016 lors d’une expédition qui nous a permis d’explorer deux grottes au Djbel Gouraya. Bien que nous considérions que c’était une catastrophe naturelle, le feu qui a ravagé le mont Gouraya a permis, toutefois, de dégager des voies que nous avons suivies afin de tenter de trouver des cavités à explorer». D’ailleurs, ajoute notre interlocuteur, «26 cavités ont été découvertes sur le même site, dont deux sont importantes de par leur constitution».
La grotte présente des traces d’occupation humaine remontant à l’époque médiévale. Car d’autres objets ont été récupérés, comme des tessons de céramique, des ossements non encore identifiés et autres bonbonnes métalliques. Complètement émerveillés par leurs découvertes, les membres du club ont compris qu’ils venaient de faire remonter des entrailles de Gouraya une énième trace de l’histoire séculaire de leur ville. Afin d’en savoir plus, la trouvaille a été remise entre les mains de l’archéologue et enseignant-chercheur de l’université de Béjaïa, Djermoune Hocine, afin qu’il puisse examiner les pièces avant d’entrer en contact avec le directeur de la culture, qui s’est engagé à présenter cette découverte pendant ce Mois du patrimoine.
M. Djermoune est formel. Dans sa description et la présentation des pièces, il a affirmé qu’elles ont été datées en l’an 1132, 1138 et 1142-1143, correspondant, respectivement à 533 et 537 du calendrier islamique, soit la période de la présence des Almoravides dans l’ouest de l’Algérie.
Le dinar almoravide s’inspire, selon le chercheur, d’un spécimen de la fin du quatrième siècle du calendrier islamique, celui de la dynastie des Banu Midrar de Sidjilmassa (un des premiers émirats amazighs 7772 à 976), des Ibadites safria.
Il analyse que l’écriture des premiers dinars almoravides est conforme à celle répandue durant le Ve siècle de l’hégire. L’avers des dinars présente des inscriptions religieuses et le nom du souverain de l’époque. Au revers, les pièces portent dans le champ le nom de «Abdallah, commandeur des croyants», et des légendes circulaires indiquant la dénomination, le lieu et la date de frappe.
Pour le chercheur, «l’événement almoravide fut une véritable révolution. Une révolution non pas seulement politique, ni même sociale ou encore religieuse, mais avant tout une révolution économique».
Et de souligner à ce propos que «la clef de voûte de ce pouvoir, de ce renouveau politique du Maghreb extrême de la 2e moitié du XIe- 1re moitié du XIIe siècle, est en effet de nature commerciale : la maîtrise du commerce transsaharien ramenant l’or depuis le pays noir jusqu’au nord musulman. La manifestation la plus éclatante de cette réussite étant la monnaie émise par le gouvernement almoravide». L’Empire almoravide (1054-1147) est fondé et dominé par des tribus berbères Sanhadja et leur territoire s’étendait sur la Mauritanie, le Sahara occidental, le Maroc et l’ouest de l’Algérie.
Par ailleurs, la cérémonie de présentation a été clôturée par la remise d’une distinction au Club de spéléologie par l’Association pour la sauvegarde du patrimoine culturel de la ville de Béjaïa. A la même occasion, le directeur de la culture, Djamel Benahmed, a appelé les citoyens à participer à la sauvegarde du patrimoine culturel de la région en rapportant tout objet ancien qui pourrait prendre place dans le musée de Bordj Moussa avant de saluer l’attitude responsable des spéléologues de Béjaïa qui ont préféré partager le trésor.
Par/Nordine Douici

jeudi 11 mai 2017

Costumes et habits traditionnels - CHAOUKI-LI-QACENTINA

Costumes et habits traditionnels -  
Un héritage fabuleux

Dans un beau livre, paru en 2007 aux éditions Dar Ounoutha, Nafissa Lahreche
raconte, à travers une riche illustration, la magnifique histoire des costumes et habits traditionnels féminins en Algérie depuis l’époque ottomane à nos jours. Un patrimoine qui révèle une importante variété de modèles, de motifs et en couleurs, marquée d’une authenticité originale. Ce qui se dit également pour les costumes et habits portés
par les hommes ayant connu une réelle évolution à travers les siècles.

Il s’agit aussi d’un héritage culturel et patrimonial d’une grande valeur symbolique, qui a résisté aux influences de la colonisation, avant de céder face aux contraintes de la modernité. Comme dans l’ouvrage de Nafissa Lahreche, qui revient sur l’évolution des habits d’extérieur et d’intérieur pour femmes, la collection philatélique algérienne demeure parmi les plus riches en timbres consacrés à cette belle thématique.
Une série de figurines de grande qualité esthétique et technique entamée par les émissions de miniatures de Mohamed Racim représentant le faste de l’époque turque, dont une première a vu le jour le 25 décembre 1965, où l’on admire les beaux habits des musiciens, des musiciennes et de la princesse «posant» dans la cour d’un palais. Une seconde émission suivra une année plus tard, symbolisant le majestueux Barberousse, avec son
prestigieux costume, un cavalier en action et la toilette de la mariée.

La représentation des habits traditionnels algériens prendra par la suite les allures d’une véritable collection de magnifiques tableaux de l’artiste-peintre Bachir Yelles, qui a fait le tour de toutes les régions d’Algérie, pour étaler toute la beauté et la finesse des habits algériens. Une première émission de quatre timbres paraît ainsi le 16 octobre 1971, dans laquelle on retrouve la femme des Aurès habillée de sa melhfa, la tête couverte d’une coiffe, à côté d’une illustration d’un homme originaire de l’Oranie, avec djeba et burnous, et un homme de la région d’Alger vêtu d’une chemise, un gilet, un seroual et une chéchia, et enfin une femme de Djebel Amour, portant une robe naïlie de couleur rouge.
Développant une belle suite dans les idées, Bachir Yelles réalisera une seconde série émise le 18 novembre1972, représentant un homme du Hoggar avec sa tenue mauve et bleu, une femme kabyle avec sa traditionnelle robe avec accessoires, un homme du M’zab avec djeba, seroual, burnous et chèche, et une femme de Tlemcen habillée en robe traditionnelle.
Le même artiste persiste et signe une troisième émission parue le 22 février 1975, où il illustre une femme algéroise en tenue d’intérieur, avec seroual et gilet, une femme targuie avec sa robe traditionnelle, une femme portant la robe oranaise, et un homme de Tlemcen avec seroual, chemise et veste.
Cette belle thématique sera malheureusement interrompue durant de longues années, avant d’être reprise par Ali Kerbouche, qui a rendu un hommage aux légendaires haïk et m’laya, que les femmes algériennes portaient avec grande fierté dans la région d’Alger, le Centre et l’Ouest, pour le premier, et dans la région de Constantine et certaines villes de l’Est pour la seconde.
La série du haïk et de la m’laya sortie en 2014 sera suivie en 2015 par une deuxième réalisée par le même dessinateur et consacrée aux costumes traditionnels pour hommes et femmes d’Alger et de la Kabylie. Les costumes et habits traditionnels algériens ont connu une seconde jeunesse, ces dernières années, suscitant un engouement remarquable grâce à une génération douée de jeunes stylistes, hommes et femmes, apportant une touche de création au seroual, melhfa du Sud, l’amlouf de Laghouat, ou encore El Mehboub de Ghardaïa et El Oued.
D’autres modèles revisités sont réapparus pour le burnous, la djellaba, la djelila, la gandoura constantinoise, le karakou et le caftan pour ceux qui en ont les moyens. Le plus étrange dans toute cette collection est l’incompréhensible ratage d’Algérie Poste, qui n’a consacré aucun timbre à la célèbre chedda de Tlemcen, classée en 2012 par l’Unesco au titre du patrimoine culturel immatériel universel. Comme si cette administration vivait sur une autre planète !
Par/Arslan Selmane