lundi 7 août 2017

Constantine. Gorges du Rhumel

Constantine. Gorges du Rhumel - CHAOUKI-LI-QACENTINA

Admirer l’abîme sur le pont Sidi Rached

 
«Constantine sans les gorges du Rhumel ne serait pour ainsi dire pas Constantine. C’est au  pittoresque de ses gorges que la ville du Rocher doit sa réputation de premier site touristique de l’Algérie». Alphonse Marion – L’épopée des gorges du Rhumel constantinoises. 
Une réputation méritée que la ville continue de vivre depuis des siècles. La vérité historique, ignorée par des générations de Constantinois, révèle que l’antique Cirta est aussi l’une des plus anciennes villes habitées, vivantes et animées en permanence dans l’histoire, soit durant plus de 2300 ans. Perchée sur un énorme rocher comme un nid d’aigle, elle a été de tout temps «gâtée» par la nature. Cette nature, encore généreuse, lui offrira une merveille appelée le Rhumel, qui a creusé, depuis des milliers d’années, de splendides gorges.Connu sous le nom d’Ampsaga chez les Romains, qui veut dire «la grande rivière», le Rhumel tire son origine du mot berbère Souf Djimar, Sufegmare ou Assifugmar, qui veut dire «la rivière des défilés obscurs», selon certaines sources, ou pour d’autres, «rivière de sable», ou qui «charrie les alluvions». Les Arabes l’ont traduit par «oued Errimel». L’homme viendra, plusieurs siècles plus tard, réaliser d’autres merveilles pour admirer ce site unique au monde. 
Un site que les Constantinois devront faire visiter avec fierté aux touristes étrangers.Nous entamons notre balade sur le pont Sidi Rached, l’une des icônes de la ville. L’ouvrage, entamé en 1907 et inauguré le 19 avril 1912, est classé parmi les plus grands et les plus remarquables ponts de pierre au monde. Il a même un «frère jumeau», pierre par pierre et arc par arc, qui n’est autre que le pont Adolphe, au Luxembourg, élevé sur la vallée verdoyante de la Pétrusse, inauguré le 24 juillet 1903.
Sauf que ce dernier, bien aménagé, beaucoup mieux entretenu, et surtout plus robuste, est traversé par le tramway.
Celui de Constantine, plus fragile, en raison du problème des glissements, a été interdit depuis des années aux bus. Au milieu du pont Sidi Rached, à 105 m du ravin, on peut voir du côté sud le dernier-né des ouvrages d’art à Constantine, le pont à haubans baptisé Salah Bey, ouvert en 2014.Une œuvre des Brésiliens d’Andrade Gutierrez. Sous le grand arc du pont Sidi Rached, accessible par des escaliers métalliques qui grincent à chaque pas, le marché aux puces du site du Remblai s’est déplacé ici avec ses vendeurs, pour ne pas disparaître à jamais. Un peu plus bas, le mausolée de Sidi Rached, saint-patron de la ville, avec son minaret de forme carrée surmonté d’un dôme, paraît comme un vestige triste. On y voit la cour carrée, avec son bassin au centre et ses deux palmiers.Une seconde cour au carrelage rouge de l’époque coloniale, entourée de petites maisons aux tuiles creuses, mène vers une pièce carrée, qui donne accès à droite à la zaouïa. Une salle de prière aux murs peints en vert s’ouvre au visiteur, avec un mihrab à gauche et deux niches dans le mur sur les côtés. En face de la porte, deux petites fenêtres, au-dessous desquelles fut installé un banc, donnent sur le quartier du Bardo.
A droite, c’est le tombeau de Sidi Rached incrusté dans le mur. Le Rhumel apparaît au loin comme une rivière apprivoisée. Le projet de calibrage lui a donné un nouveau visage. La rivière, qui faisait fureur avec ses crues, emportant tout sur leur chemin, ne fait plus peur. Sur les rives ont poussé des espaces de verdure, des escaliers et des aires de détente.
Ce qui devait être le parc citadin du Bardo. Un chantier qui a bouffé des sommes énormes. Tout en contrebas de la zaouïa de Sidi Rached, à l’entrée des gorges, on peut voir le pont du Diable. Une vieille passerelle construite par les Français en 1850 et qui a subi la furie des eaux à plusieurs reprises. C’est d’ailleurs le bruit «effrayant» de la rivière, lorsqu’elle pénètre dans les gorges par ce lieu étroit, qui a été à l’origine de son appellation. 
Un chemin creusé dans la roche 
Sur l’autre rive, c’est le fameux quartier de Djenene Tchina, (le jardin des orangers). Des arbres qui ornaient jadis toute cette rive du Rhumel. Les orangers ont cédé leur place à des maisonnettes et des constructions anarchiques. 
Des souvenirs qui font partie de l’histoire. Les jardins ont disparu. Des lieux, il ne reste que le nom.Des escaliers en ruine descendent vers l’entrée du célèbre chemin des Touristes. L’oued fait son «irruption» dans les gorges par une sorte d’isthme. Inauguré en 1895, selon des sources historiques, le célèbre chemin, creusé dans la roche, était l’une des merveilles touristiques de la ville. Il est l’œuvre de l’ingénieur constructeur français Frédéric Remes.
C’est pour cela que les Constantinois parlent toujours de «Rimisse» pour désigner les lieux. Le chemin permet une magnifique balade sur le flanc du rocher, puis à travers deux passerelles sur un parcours de plus de 2 km. L’ouvrage unique avait connu une première réhabilitation en 1907, puis une seconde en 1954, avant d’être fermé après le déclenchement de la Révolution. Il subira de sérieux dégâts lors des crues de novembre 1957.
Depuis, il attend toujours une réhabilitation qui tarde à venir. C’est le long de ce chemin qu’on pouvait découvrir des lieux qui demeurent encore inconnus chez la majorité des Constantinois. Juste à l’entrée, à une centaine de mètres du pont du Diable, se trouve un rocher d’une grande symbolique pour les chrétiens. Le rocher des Martyrs, classé monument historique durant l’époque coloniale, porte les inscriptions latines du IVe au Ve siècle du martyre de 11 chrétiens de la communauté d’Hortensia de Bône (Annaba), tués par les Romains, dont Saint Jacques et Saint Marien.
Depuis l’effondrement du chemin des Touristes, le lieu est tombé dans l’oubli. Il serait même vandalisé, selon les témoignages d’anciens habitants du quartier de Djenane Tchina. Sur le côté nord du pont Sidi Rached, le rocher est majestueux. Les gorges commencent à devenir plus imposantes. A droite, l’avenue de Roumanie descend jusqu’au lieu de rencontre entre le Boumerzoug et le Rhumel. A gauche, surgissent les ruines de la partie basse de Souika, un quartier de la vieille ville.Des restes de la muraille de la ville témoignent encore de la présence de fortifications au-dessus du ravin. Quelques maisons sont encore habitées. Les antennes paraboliques sur les toits semblent bronzer au soleil, tout en narguant le ravin. Des ruelles tortueuses envahies par les mauvaises herbes descendent vers des décharges au bord de l’abîme.
Des ruines faisant croire aux images d’une cité bombardée. Malgré tout ce décor, les gorges du Rhumel gardent toujours leur attrait. Un étrange secret d’une beauté terrible, redoutable et cruelle. «A l’époque moderne, la sauvage et grandiose beauté du décor est devenue une attraction touristique de réputation mondiale», note Alphonse Marion dans son ouvrage L’épopée des gorges du Rhumel constantinoises, recueil d’articles parus dans un ouvrage édité par La Dépêche de Constantine en 1957. 
Le triomphe de l’eau sur la pierre
Une question se pose : «En fait, combien la nature a-t-elle pu mettre de millénaires pour façonner ce chef-d’œuvre ?» Le phénomène a alimenté un long débat entre les scientifiques sur les origines de la formation des gorges du Rhumel. Sans trop s’attarder sur des explications qui risqueront d’ennuyer les lecteurs, on citera parmi les principales hypothèses la théorie de Léonce Joleaud, paléontologue et ancien élève de l’ex-lycée d’Aumale (actuel lycée Redha Houhou), publiée dans l’annuaire de la Société d’histoire et d’archéologie de Constantine en 1937, et l’étude de Mittard, publiée dans La Dépêche de Constantine du 18 juillet 1937.
Citées dans l’ouvrage de Marion, qui demeure la principale source pour ceux qui désirent s’imprégner de l’histoire de cette merveille de la nature, on notera en premier l’hypothèse dite de la «surimposition», selon laquelle le Rhumel aurait creusé son lit dans une couche de sédiments puis dans la roche vive.Une théorie qui n’explique pas la formation des voûtes naturelles, et pourquoi ces dernières ne se sont-elles pas écroulées comme ce fut le cas pour les autres parties des gorges. D’où l’apparition d’une seconde version dite l’ «hypothèse des captures», avancée par Joleaud, qui explique ce phénomène par l’intervention de facteurs multiples et complexes dus à l’érosion et l’effet des sources d’eaux chaudes qui faisaient la particularité du rocher.
Une action qui s’est déroulée durant une centaine de millénaires. D’autres recherches ont prouvé que l’homme avait habité la région depuis l’âge préhistorique. Se basant sur les découvertes en 1945 de sphéroïdes à facettes sur le plateau du Mansourah, les scientifiques ont estimé la présence des humains sur le site du Rocher à un million d’années, c’est-à-dire durant la dernière phase de la formation des gorges. Mais ce n’est qu’au paléolithique, soit vers 45 000 ans avant Jésus-Christ que des habitations permanentes furent aménagées dans la grotte du Mouflon et celle de l’Ours, situées sur le versant nord du rocher de Sidi M’cid, dans l’actuel site de Fedj Errih.Les objets découverts dans ces deux lieux, lors des fouilles menées en 1908 par Arthur Debruge, un commis des Postes, grand passionné des explorations des grottes dans plusieurs régions de l’Algérie et membre de la société archéologique de Constantine, sont toujours conservés au Musée national Cirta du quartier du Coudiat.
D’autres traces de l’homme de l’époque capsienne (14 000 – 9 000 av. J.-C.) ont été découvertes lors des fouilles de 1916 effectuées par Arthur Debruge dans la grotte des Pigeons, sur le boulevard de l’Abîme (actuel boulevard de la Yougoslavie). Jusque-là, et malgré toutes les découvertes réalisées à ce jour, l’histoire des gorges du Rhumel n’a pas encore livré tous ses mystères.
Par/Arslan Selmane

vendredi 19 mai 2017

Jardin d’essai du hamma à Alger - CHAOUKI-LI-QACENTINA

Jardin d’essai du hamma à Alger

Une belle aventure naturelle


Après la Chine en 2006, l’Algérie a accueilli, du 2 au 6 novembre 2008, à l’hôtel El Aurassi, les travaux de la 12e conférence de l’Association des imprimeurs d’Etat des timbres-poste créée en 1986 à l’initiative des Etats-Unis d’Amérique et qui regroupait 22 pays. L’événement relaté en détail dans Philnews (n°70 de mars 2009), revue philatélique éditée par Mohamed Achour Ali Ahmed, membre de l’Association internationale des journalistes philatéliques (AIJP), a été marqué par une belle distinction pour la Poste algérienne, dans une épreuve qui a vu la participation de huit pays.
A l’issue de la cérémonie de clôture, et lors de la remise des prix aux meilleurs timbres de l’année 2007, la médaille d’or a été attribuée au timbre illustrant le Jardin d’Essai du Hamma, à Alger, dessiné par Ali Kerbouche, dans la catégorie offset, unique procédé d’impression appliqué aux timbres imprimés par la Banque d’Algérie. Un timbre paru dans une série consacrée aux jardins d’Algérie, émise le 5 juin 2007.
Symbole éternel du patrimoine environnemental de la capitale, le jardin d’Essai est à lui seul un véritable musée naturel classé parmi les plus riches au monde. Situé dans le quartier du Hamma, il s’étend en amphithéâtre, au pied du Musée national des Beaux-Arts d’Alger, entre la rue Mohamed Belouizdad et la rue Hassiba Ben Bouali, sur une superficie de 58 hectares.
Créé en 1832, il est considéré comme l’un des jardins d’Essai les plus importants au monde. Outre le jardin anglais, avec son petit lac et ses plantes aquatiques, il est plus connu par son aile ouest, occupée par le jardin français soigneusement taillé, avec sa magnifique fontaine, ses allées de platanes, des dragonniers, des ficus, des bambous et des palmiers. Des allées ornées par des sculptures en pierre d’Emile Gaudissard. Le jardin sera également connu par ses 1200 espèces végétales, mais aussi par son parc zoologique créé en 1900.
En 1918, l’Ecole d’horticulture et l’Ecole ménagère agricole s’implantent dans l’enceinte du jardin. Le Jardin d’Essai sera célèbre surtout par le tournage en 1932 d’une partie du film Tarzan, l’homme-singe, avec le légendaire Johnny Weissmuller. D’ailleurs, un arbre, situé dans le jardin anglais, très connu sous le nom «l’arbre de Tarzan», est l’une des principales attractions du site. La longue histoire de ce jardin retiendra aussi qu’il a été occupé par les armées des Alliés en 1942, et a subi aussi les bombardements de l’aviation allemande en 1943.
Après l’indépendance, il sera repris par l’Etat algérien, mais il connaîtra de longues années de dégradation. Il sera fermé de 2001 à 2009 pour des travaux de réhabilitation. Il sera rouvert en 2009, pour le grand bonheur des centaines de milliers de visiteurs qui viennent de tous les coins d’Algérie. Outre le timbre sur le Jardin d’Essai du Hamma, la série réalisée par Ali Kerbouche comprend également un timbre sur le jardin Landon, de Biskra, et un autre sur le jardin Ben Badis, à Oran.
Le premier est situé le long de l’oued Sidi Zarzour, saint-patron de la ville de Biskra. C’est un magnifique jardin de 5 ha créé en 1872 par le comte Landon de Longueville, un amoureux de la nature, pour acclimater différentes espèces végétales méditerranéennes et tropicales. Le lieu, appelé «Garden of Allah» par le romancier anglais Robert Hitchens, est une source d’inspiration pour plusieurs artistes.
Parmi les plus célèbres dans le monde des arts et des lettres, qui ont séjourné à Biskra, on citera André Gide, Bela Bartok, Nassredine Dinet, Eugène Fromentin, Henri Matisse, et même Karl Marx. Dans son testament, le comte Landon de Longueville lègue son jardin à la commune de Biskra. Après des années d’abandon, le jardin Landon vient de bénéficier d’une réhabilitation.
Pour le jardin Ibn Badis d’Oran, ex-Promenade de Létang, il a été aménagé en 1836 sur ordre du général français Létang, qui lui a donné son nom. D’une surface de 6 ha, il est classé site naturel et patrimoine historique de la ville d’Oran depuis 1952. Situé en bas de la place d’Armes (place du 1er Novembre), le site permet de contempler la baie d’Oran, ainsi que ses monuments archéologiques et historiques. Malheureusement, il se trouve dans un état de délabrement désolant.
Par/Arslan Selmane

lundi 15 mai 2017

Des spéléologues font une découverte archéologique - CHAOUKI-LI-QACENTINA

Des spéléologues font une découverte archéologique - 


Un membre du CSSM sur le lieu de la découverte         
Au cours d’une mission d’exploration de la grotte dite d’«Hercule», sise sur le flanc sud du mont Gouraya, l’équipe du Club de spéléologie et sport de montagne de Béjaïa (CSSM) a trouvé, par pur hasard, trois pièces de monnaie anciennes en or de l’ère des Almoravides.
La découverte a été présentée au public qui est venu nombreux, hier, au musée Bordj Moussa, dans la haute ville de Béjaïa. Pour Hamid Yahi, membre du club, «en réalité les pièces en or ont été découvertes à la fin de l’année 2016 lors d’une expédition qui nous a permis d’explorer deux grottes au Djbel Gouraya. Bien que nous considérions que c’était une catastrophe naturelle, le feu qui a ravagé le mont Gouraya a permis, toutefois, de dégager des voies que nous avons suivies afin de tenter de trouver des cavités à explorer». D’ailleurs, ajoute notre interlocuteur, «26 cavités ont été découvertes sur le même site, dont deux sont importantes de par leur constitution».
La grotte présente des traces d’occupation humaine remontant à l’époque médiévale. Car d’autres objets ont été récupérés, comme des tessons de céramique, des ossements non encore identifiés et autres bonbonnes métalliques. Complètement émerveillés par leurs découvertes, les membres du club ont compris qu’ils venaient de faire remonter des entrailles de Gouraya une énième trace de l’histoire séculaire de leur ville. Afin d’en savoir plus, la trouvaille a été remise entre les mains de l’archéologue et enseignant-chercheur de l’université de Béjaïa, Djermoune Hocine, afin qu’il puisse examiner les pièces avant d’entrer en contact avec le directeur de la culture, qui s’est engagé à présenter cette découverte pendant ce Mois du patrimoine.
M. Djermoune est formel. Dans sa description et la présentation des pièces, il a affirmé qu’elles ont été datées en l’an 1132, 1138 et 1142-1143, correspondant, respectivement à 533 et 537 du calendrier islamique, soit la période de la présence des Almoravides dans l’ouest de l’Algérie.
Le dinar almoravide s’inspire, selon le chercheur, d’un spécimen de la fin du quatrième siècle du calendrier islamique, celui de la dynastie des Banu Midrar de Sidjilmassa (un des premiers émirats amazighs 7772 à 976), des Ibadites safria.
Il analyse que l’écriture des premiers dinars almoravides est conforme à celle répandue durant le Ve siècle de l’hégire. L’avers des dinars présente des inscriptions religieuses et le nom du souverain de l’époque. Au revers, les pièces portent dans le champ le nom de «Abdallah, commandeur des croyants», et des légendes circulaires indiquant la dénomination, le lieu et la date de frappe.
Pour le chercheur, «l’événement almoravide fut une véritable révolution. Une révolution non pas seulement politique, ni même sociale ou encore religieuse, mais avant tout une révolution économique».
Et de souligner à ce propos que «la clef de voûte de ce pouvoir, de ce renouveau politique du Maghreb extrême de la 2e moitié du XIe- 1re moitié du XIIe siècle, est en effet de nature commerciale : la maîtrise du commerce transsaharien ramenant l’or depuis le pays noir jusqu’au nord musulman. La manifestation la plus éclatante de cette réussite étant la monnaie émise par le gouvernement almoravide». L’Empire almoravide (1054-1147) est fondé et dominé par des tribus berbères Sanhadja et leur territoire s’étendait sur la Mauritanie, le Sahara occidental, le Maroc et l’ouest de l’Algérie.
Par ailleurs, la cérémonie de présentation a été clôturée par la remise d’une distinction au Club de spéléologie par l’Association pour la sauvegarde du patrimoine culturel de la ville de Béjaïa. A la même occasion, le directeur de la culture, Djamel Benahmed, a appelé les citoyens à participer à la sauvegarde du patrimoine culturel de la région en rapportant tout objet ancien qui pourrait prendre place dans le musée de Bordj Moussa avant de saluer l’attitude responsable des spéléologues de Béjaïa qui ont préféré partager le trésor.
Par/Nordine Douici

jeudi 11 mai 2017

Costumes et habits traditionnels - CHAOUKI-LI-QACENTINA

Costumes et habits traditionnels -  
Un héritage fabuleux

Dans un beau livre, paru en 2007 aux éditions Dar Ounoutha, Nafissa Lahreche
raconte, à travers une riche illustration, la magnifique histoire des costumes et habits traditionnels féminins en Algérie depuis l’époque ottomane à nos jours. Un patrimoine qui révèle une importante variété de modèles, de motifs et en couleurs, marquée d’une authenticité originale. Ce qui se dit également pour les costumes et habits portés
par les hommes ayant connu une réelle évolution à travers les siècles.

Il s’agit aussi d’un héritage culturel et patrimonial d’une grande valeur symbolique, qui a résisté aux influences de la colonisation, avant de céder face aux contraintes de la modernité. Comme dans l’ouvrage de Nafissa Lahreche, qui revient sur l’évolution des habits d’extérieur et d’intérieur pour femmes, la collection philatélique algérienne demeure parmi les plus riches en timbres consacrés à cette belle thématique.
Une série de figurines de grande qualité esthétique et technique entamée par les émissions de miniatures de Mohamed Racim représentant le faste de l’époque turque, dont une première a vu le jour le 25 décembre 1965, où l’on admire les beaux habits des musiciens, des musiciennes et de la princesse «posant» dans la cour d’un palais. Une seconde émission suivra une année plus tard, symbolisant le majestueux Barberousse, avec son
prestigieux costume, un cavalier en action et la toilette de la mariée.

La représentation des habits traditionnels algériens prendra par la suite les allures d’une véritable collection de magnifiques tableaux de l’artiste-peintre Bachir Yelles, qui a fait le tour de toutes les régions d’Algérie, pour étaler toute la beauté et la finesse des habits algériens. Une première émission de quatre timbres paraît ainsi le 16 octobre 1971, dans laquelle on retrouve la femme des Aurès habillée de sa melhfa, la tête couverte d’une coiffe, à côté d’une illustration d’un homme originaire de l’Oranie, avec djeba et burnous, et un homme de la région d’Alger vêtu d’une chemise, un gilet, un seroual et une chéchia, et enfin une femme de Djebel Amour, portant une robe naïlie de couleur rouge.
Développant une belle suite dans les idées, Bachir Yelles réalisera une seconde série émise le 18 novembre1972, représentant un homme du Hoggar avec sa tenue mauve et bleu, une femme kabyle avec sa traditionnelle robe avec accessoires, un homme du M’zab avec djeba, seroual, burnous et chèche, et une femme de Tlemcen habillée en robe traditionnelle.
Le même artiste persiste et signe une troisième émission parue le 22 février 1975, où il illustre une femme algéroise en tenue d’intérieur, avec seroual et gilet, une femme targuie avec sa robe traditionnelle, une femme portant la robe oranaise, et un homme de Tlemcen avec seroual, chemise et veste.
Cette belle thématique sera malheureusement interrompue durant de longues années, avant d’être reprise par Ali Kerbouche, qui a rendu un hommage aux légendaires haïk et m’laya, que les femmes algériennes portaient avec grande fierté dans la région d’Alger, le Centre et l’Ouest, pour le premier, et dans la région de Constantine et certaines villes de l’Est pour la seconde.
La série du haïk et de la m’laya sortie en 2014 sera suivie en 2015 par une deuxième réalisée par le même dessinateur et consacrée aux costumes traditionnels pour hommes et femmes d’Alger et de la Kabylie. Les costumes et habits traditionnels algériens ont connu une seconde jeunesse, ces dernières années, suscitant un engouement remarquable grâce à une génération douée de jeunes stylistes, hommes et femmes, apportant une touche de création au seroual, melhfa du Sud, l’amlouf de Laghouat, ou encore El Mehboub de Ghardaïa et El Oued.
D’autres modèles revisités sont réapparus pour le burnous, la djellaba, la djelila, la gandoura constantinoise, le karakou et le caftan pour ceux qui en ont les moyens. Le plus étrange dans toute cette collection est l’incompréhensible ratage d’Algérie Poste, qui n’a consacré aucun timbre à la célèbre chedda de Tlemcen, classée en 2012 par l’Unesco au titre du patrimoine culturel immatériel universel. Comme si cette administration vivait sur une autre planète !
Par/Arslan Selmane