Ahmed Bey a été le dernier bey de Constantine
(1826-1837). Né vers 1784 d’un père turc et d’une mère algérienne, de la tribu
des Ben Gana, Amed Bey prit part à la défense de la capitale lors de la prise
d’Alger en 1830. Après le départ du dey Hussein pour Istanbul, Ahmed Bey
continua à organiser la résistance dans la province. Avec l’accord de la
population constantinoise, il choisit le drapeau rouge orné du sabre bifide, de
même qu’il fit battre monnaie entre 1830 et 1837.
Le 21
novembre 1836, le maréchal Clauzel, à la tête de 10 000 hommes, se positionne
sur le plateau de Mansoura, mais il ne réussira pas à prendre la ville, les
autochtones y opposant une farouche résistance. D’ailleurs, lors des combats,
le général Trézel sera grièvement blessé, ce qui poussera le maréchal Clauzel à
battre en retraite.
Le 6 octobre
1837, une seconde expédition est décidée. Le duc de Nemours et le général
Trézel stationnent près du Rocher. Après quatre jours d’attente, ils finissent
par ouvrir une brèche dans l’enceinte et accèdent à l’intérieur de la ville.
Là, la population les attend de pied ferme et s’engage avec eux dans un
affrontement sanglant. Ahmed Bey continue à résister, y compris dans le sud et
ce, jusqu’en 1848, lorsqu’il se rend à Biskra et est placé en résidence surveillée.
Il mourra le 30 août 1850 à Alger. A la suite de l’occupation française, le
tissu urbain de la ville de Constantine connaîtra d’importantes transformations
qui iront jusqu’à sa défiguration.
Le dernier
bey de Constantine fit construire son célèbre palais de 1826 à 1835. Il fit
appel à deux artistes réputés, El Hadj el-Djabri, originaire de la ville, et le
Kabyle El-Khettabi.
Ce palais
est, aujourd’hui encore, la trace vivante du faste et du génie des bâtisseurs
ottomans. Sa construction débute en 1826 et s’achève en 1835. Pourtant, le bey
n’en jouira pas longtemps puisque le palais ne tardera pas à être occupé par
l'armée française.
Le palais
Ahmed-Bey (également appelé palais de la Division) occupe tout un côté de la
place Foch (ancienne place du Palais, aujourd'hui place Si Haouès). Ce vaste
édifice (5609 m2) fut construit à l'emplacement de vieilles maisons accolées
les unes aux autres et fut achevé peu de temps avant la prise de Constantine
par les Français.
Les
bâtiments d'ordonnance assez irrégulière s'organisent autour de deux jardins
spacieux et de deux cours plus petites. Au milieu se trouve le kiosque du bey
qui, éclairé de tous les côtés par des fenêtres, permettait une active
surveillance. C'est dans ce palais que le harem était logé.
Pour
construire son palais, Ahmed Bey n'hésita pas à utiliser des matériaux de
toutes provenances. Les colonnes et autres pièces de marbre furent achetées en
Italie et transportées, par l'entremise du Génois Schiaffino, de Livourne à
Bône, où les attendaient des caravanes de muletiers et de chameliers. Le bois
de cèdre fut demandé aux tribus de l'Aurès et de la Kabylie. Les pierres de
taille furent prélevées sur les ruines de l'antique Cirta. Cela ne suffit pas
au bey qui réquisitionna tout ce que les principales habitations de Constantine
possédaient de remarquable comme marbres, colonnes, faïences, portes et
fenêtres. Visitant le palais en 1837, le peintre Horace Vernet en fera la
description suivante : « Figurez-vous une délicieuse décoration d'opéra,
tout de marbre blanc et de peintures de couleurs les plus vives, d'un goût
charmant, des eaux coulant de fontaines ombragées d'orangers, de myrtes...
enfin un rêve des Mille et Une Nuits. »
Après en
avoir délogé le bey, les Français en feront d’abord le lieu de résidence du
général commandant la division de l’état-major, avant d’abriter les services de
la direction du génie, du bureau arabe divisionnaire, du conseil de guerre et
du bureau arabe subdivisionnaire. Un buste en bronze de Napoléon III rappelle
le séjour que fit l'empereur dans ces lieux en 1865.
Par Hassina
AMROUNI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire