Dès la
préhistoire, l’homme a habité le site attiré par l’eau qui y coulait à
profusion. C’est le cas de la Grotte des ours, appelée ainsi, en raison de la
découverte d’ossements d’ours, ou de la grotte à mouflon, creusée dans la
falaise de Sidi M’cid. De l’autre côté du ravin, se trouve la grotte des
pigeons. On y a découvert des broyeurs, des meules, des haches ou encore des
silex remontant au néolithique et paléolithique moyen. On y a également
retrouvé des ossements de rhinocéros, zèbres, panthères…
Les hauteurs
du djebel de Sidi M’cid étaient occupées par la nécropole des premiers
habitants de l’agglomération, ce lieu sera par la suite l’emplacement des
monuments aux morts de la Grande Guerre.
Cirta est
considérée parmi les plus vieilles villes de l’Afrique du nord. Dès le IIe siècle
avant J.-C., elle est citée comme étant l’une des capitales du roi Syphax.
En 203 avant
J.-C., après la bataille de Zama et la prise de Syphax, Cirta se rend à
Massinissa qui en fait sa capitale et y meurt.
C’est à
Cirta qu’il lie son destin à la belle Sophonisbe, aristocrate carthaginoise.
Cirta est
ensuite habitée par ses successeurs Massyles et Massaessyles qui embellissent
la ville en y érigeant d’imposants monuments.
Aujourd’hui
et de cette époque faste, il ne subsiste que le mausolée du Khroubs qui abrite
le tombeau de Massinissa.
Au cours de
cette période, la ville est le théâtre d’enjeux importants dans la guerre qui
oppose Jugurtha aux soldats romains. Elle avait une fonction commerçante très
importante et ce, bien avant l’invasion romaine. Des négociants italiens y
étaient en effet établis aidant Adherbal à défendre la ville contre Jugurtha.
«Après la
défaite de Juba Ier et l’occupation de l’Afrique par César, Cirta accéda au
rang de capitale d’une région donnée en récompense des services rendus pendant
la campagne, à un de ses auxiliaires, un aventurier Sittius, homme d’affaires
campanien. C’est probablement en 44 avant J.-C., date de la mort de Sittius,
que fut créée la colonie romaine de Cirta.» (1)
Plus tard,
Cirta est le siège de la Confédération cirtéenne qui comptait les villes de
Chullu (Collo), Milev (Mila) et Rusicade (Skikda). Cette confédération
disparaîtra au milieu du IIIe siècle de l’ère chrétienne et Cirta redeviendra
capitale de la province de Numidie cirtéenne en 297 sous Dioclétien. Elle
connaîtra un nouvel essor sous Constantin (306-323) qui lui donnera son nom
qu’elle gardera jusqu’à nos jours.
La ville
était entourée de trois grands faubourgs, l’un au Koudiat Aty, le second sur le
plateau d’El Kantara et le troisième sur l’emplacement de Sidi Mabrouk.
Après
l’invasion vandale, la ville est assiégée. Elle résiste vaillamment mais finit
par être occupée dix ans plus tard, soit en 455 après J.-C.
Lorsque les
Byzantins occupent la ville, cette dernière sera le lieu de résidence de Guntharis,
duc de Numidie et le siège d’un évêché.
C’est
d’ailleurs sur l’ancien temple du capitole que l’église byzantine est érigée
avec des matériaux d’époque romaine. Durant les premières années qui avaient
suivi l’occupation française, Constantine possédait encore plusieurs monuments,
tels que les restes du Capitole, situé à l’intérieur de la Casbah, ou encore
l’arc de triomphe de la ville, le Tetrapylon et les restes du cirque.
Avènement de
l’ère islamique
A partir du
VIIe siècle, la ville est entre les mains de nouveaux occupants : les
musulmans. Ces derniers y établissent une garnison, avant de prendre une plus
grande importance, sous le règne des Fatimides.
Sous les
Zirides (988-989), Constantine, à l’instar des autres villes comme Tidjis,
Sétif, Mila, Qasr al Ifriqi, dépendra d’Abû Za’bal Ibn Hisham, une sorte de
superpréfet, familier de Bologguin.
Cela ne
durera qu’un temps, puisqu’elle passera entre les mains de Hammad, oncle du
sultan, qui refuse de la rendre à son neveu Badis, souverain de l’Ifriqiya.
Constantine
fera, après cela, partie de l’Etat Hammadite. C’est Balbar, frère d’Al Nasir
qui en aura la gestion. Avec l’arrivée d’Al Mansûr au pouvoir, Balbar se
révolte et nomme en 1089 comme gouverneur de Constantine Abû Yakni.
Les
Hammadites construisent la grande mosquée en 1063, elle subira, bien
évidemment, avec le temps, de nombreuses transformations. Un grand flux
commercial va s’installer dans la ville. Al Idrissi, géographe du roi Roger II
de Sicile, en parlera en ces termes : «Cité peuplée qui a des souks et des
marchands, des habitants aisés, vivant largement des transactions qu’ils font
avec les Arabes et des contrats d’association qu’ils souscrivent, avec eux,
pour les labours et pour le stockage des récoltes. Chaque maison possède un ou
deux silos creusés dans le roc très propices à la conservation des céréales. Le
froment séjourne dans les silos cent ans sans se gâter. Ils ont du miel en
abondance, ainsi que du beurre salé qui est exporté dans tous les pays. » (1)
Constantine
étant un lieu d’échanges, aussi, Ibn Tumart y fait escale un temps, avant de
continuer sa route vers Béjaïa pour rencontrer Abd el Mumin, futur dynaste. Par
la suite, et lors de l’expédition de ce dernier contre le royaume almohade,
Béjaïa tombe après une courte résistance. Quant à Constantine, elle se rend en
1152 après avoir reçu du calife la promesse d’être épargnée.
A l’époque
almohade, Constantine fut dotée d’une citadelle (qasaba), une vile dans la
ville avec des remparts lui permettant de résister aux assauts étrangers. Elle
avait ses rues, sa mosquée-cathédrale, où le gouverneur faisait sa prière.
Les
Hafsides, successeurs des Almohades, firent de Constantine le siège d’un
gouvernorat. Ils bâtirent dans la ville et fortifièrent les remparts (entre
1282 et 1285). Elle renoua avec l’activité commerciale et des traités de
commerce furent signés entre les rois de Constantine et des négoces
Marseillais, Catalans, Vénitiens, Pisans…
De nombreux
édifices religieux voient le jour dont il ne subsistera pas grand-chose aujourd’hui.
La seule mosquée du quartier que l’on connaît, c’est celle du cheikh Abû
Abdallah al Safar, enterré en 1349 à l’intérieur de Bab el Qantara. On héritera
aussi d’une autre mosquée datant du XIIe siècle, en l’occurrence Sidi Abû-al
Hassan’ Ali ibn Makhluf.
La partie
sud-ouest de la ville était dotée d’une porte, Bab el Oued. C’est par là que se
faisait l’essentiel du trafic avec l’extérieur. Sur cette même façade se
trouvait Bab el Hamma et, à l’opposé, sur la partie orientale de la ville, Bab
el Qantara s’ouvrait sur le ravin. Toutefois, ce pont sera détruit en 1304 par
Ibn Al Amir, lorsqu’il fut assiégé par Abû al Baqa’.
Constantine
sous l’autorité hafside
Au début du
XVIe siècle, sous le règne hafside le pays se morcelle en un certain nombre de
principautés. Le cheikh de Constantine gouverne de manière autonome la région
de Bûna (Annaba) et d’El Koll (Collo).
L’arrivée
des frères Barberousse à Jijel puis à Alger change la carte politique d’une
partie de l’Afrique du nord. Peu de temps après, Kheireddine s’empare de Collo
(1521), Bûna et Constantine (1522).
Trois ans
plus tard, Hassan Pacha, fils de Kheireddine découpe le pays en trois
provinces, gérées par trois beys. Ces derniers composent avec les puissantes
tribus de la région (Henencha et Mokrni). Plusieurs édifices sont construits, à
l’image des mosquées du Souk el Ghezel (mosquée de Hassan, 1730), de Sidi
Lakhdar (1743), de Sidi Abderrahmane el Qaroui et de Sidi Lakhdar el Kettani.
Selon Mercier, la ville comptait 79 édifices religieux dont 10
mosquées-cathédrales. La médina de Constantine comptait aussi 1700 maisons et
s’organisait autour de cinq grands ensembles : la qasbah au nord-ouest, el
Kantara au sud-est, Bab el Djabia au sud-ouest et Tabia au nord-ouest. Une
vingtaine de fondouks étaient répartis dans l’ensemble de la médina, servant
d’entrepôts aux marchandises, d’ateliers pour les artisans et d’hôtels pour les
marchands de passage en ville. Les places de marchés appelées aussi rahba
participaient à la vie commerçante de la cité.
Par Hassina
AMROUNI
(1) Abderrahmane khelifa in «universelle
algérie. Les sites inscrits Au patrimoine mondial», éd. Zaki bouzid, alger,
octobre 2005
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