samedi 28 août 2010

INONDATIONS LA CULTURE DE LA PRÉVENTION

Alors qu’on compatissait avec les populations pakistanaises et indoues touchées de plein fouet par les inondations, la nature vient ces tout derniers jours nous dévoiler nos propres lacunes. Une manière de nous dire: tant que l’on continue à vouloir sans la moindre considération concurrencer la nature dans notre folle occupation des espaces, on ne fera qu’en payer les frais.


On parle souvent en milieu professionnel de culture de prévention. Eh oui, la prévention est une culture. Celle-ci est malheureusement, autant au niveau des institutions étatiques que chez le citoyen, faiblement présente en Algérie. Il n’y a pas plus effrayant que de prendre conscience qu’une bonne partie de nos villes et villages sont édifiés sur des lits d’oueds ! Ceci est particulièrement vrai pour le Sud. À la moindre inondation, ces cités sont sinistrées. Les ouvrages de protection ont, lorsqu’ils existent, des effets très limités. Le climat de cette partie du pays étant totalement différent du nord, la saison de sécheresse s’installe du mois d’octobre au mois de mai. Quant à l’hivernage, il est géré comme en Asie, par la mousson, et les inondations apparaissent en juillet et août. Chaque année, une région de ces contrées est détruite, des centaines d’habitations (généralement en toub) croulent. Certains, se rappelant la désolation de In Guezzam située au sud de Tamanrasset, racontent : “Des quartiers sont dévastés, de la boue partout, des véhicules légers et même de gros camions renversés, prisonniers des eaux; des tôles complètement tordues, des madriers qui flottent aux côtés des dépouilles d’ovins cinq jours après la catastrophe, des enfants qui barbotent à moitié nus…” Il se trouve des régions du pays qui ont connu des inondations aussi importantes que celles de Bab El-Oued. En pleine guerre de Libération, en hiver 1957, une crue centenaire avait emporté des villages entiers de la Kabylie, plus précisément dans la région d’Akbou. Deux oueds sont venus associer leurs forces.

Oued Bousalem qui prend naissance près de Sétif et de la chaîne des Bibans à200 km, et Oued Sahel du Djurdjura. Pour endiguer ces manifestations meurtrière set récupérer l’eau, deux barrages furent construits récemment sur chacun de ces cours d’eau. Les citoyens de Sidi-Bel-Abbès, qui redoutent le débordement de l’Oued Mekkara qui emporte périodiquement des dizaines de victimes, semblent avoir trouvé une solution puisqu’une grande étude est lancée.

À l’est, la ville de Batna, qui connaissait la même situation, a réceptionné une galerie de déviation des eaux pluviales de trois kilomètres. Justement, face à ces catastrophes quine ne touchent pas que l’Algérie, et dans le souci de les prévenir, il y a deux ans, à Lami-août, s’est tenu à Washington le premier meeting international sur la gestion des risques majeurs. Quelque 130 pays ont participé à cette réunion dont l’Algérie. À l’issue de cette rencontre, le monde a été divisé en 7 régions, dont celle de la Méditerranée. Un chercheur algérien a fait remarquer à l’occasion : “Il est indispensable de s’intégrer dans la communauté internationale pour se doter de moyens performants de lutte contre les catastrophes naturelles, vu la grande expérience dont jouissent les pays occidentaux.” Un autre ingénieur algérien relèvera : “Aujourd’hui, tout un ensemble de concepts, d’outils méthodologiques, de dispositions et d’ouvrages d’assainissement sont nés de recherches entreprises dans les pays industrialisées. L’Algérie doit penser à leur usage pour réduire les conséquences des phénomènes pluvieux exceptionnels. Ces techniques reposent sur le principe de ralentissement des écoulements dans les bassins urbains.”

Rachid Safou
21/08/2010

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