Une belle aventure naturelle
Après la Chine en 2006, l’Algérie a accueilli, du 2 au 6 novembre 2008, à
l’hôtel El Aurassi, les travaux de la 12e conférence de l’Association
des imprimeurs d’Etat des timbres-poste créée en 1986 à l’initiative des
Etats-Unis d’Amérique et qui regroupait 22 pays. L’événement relaté en
détail dans Philnews (n°70 de mars 2009), revue philatélique éditée par
Mohamed Achour Ali Ahmed, membre de l’Association internationale des
journalistes philatéliques (AIJP), a été marqué par une belle
distinction pour la Poste algérienne, dans une épreuve qui a vu la
participation de huit pays.
A l’issue de la cérémonie de clôture, et lors de la remise des prix aux
meilleurs timbres de l’année 2007, la médaille d’or a été attribuée au
timbre illustrant le Jardin d’Essai du Hamma, à Alger, dessiné par Ali
Kerbouche, dans la catégorie offset, unique procédé d’impression
appliqué aux timbres imprimés par la Banque d’Algérie. Un timbre paru
dans une série consacrée aux jardins d’Algérie, émise le 5 juin 2007.
Symbole
éternel du patrimoine environnemental de la capitale, le jardin d’Essai
est à lui seul un véritable musée naturel classé parmi les plus riches
au monde. Situé dans le quartier du Hamma, il s’étend en amphithéâtre,
au pied du Musée national des Beaux-Arts d’Alger, entre la rue Mohamed
Belouizdad et la rue Hassiba Ben Bouali, sur une superficie de 58
hectares.
Créé
en 1832, il est considéré comme l’un des jardins d’Essai les plus
importants au monde. Outre le jardin anglais, avec son petit lac et ses
plantes aquatiques, il est plus connu par son aile ouest, occupée par le
jardin français soigneusement taillé, avec sa magnifique fontaine, ses
allées de platanes, des dragonniers, des ficus, des bambous et des
palmiers. Des allées ornées par des sculptures en pierre d’Emile
Gaudissard. Le jardin sera également connu par ses 1200 espèces
végétales, mais aussi par son parc zoologique créé en 1900.
En
1918, l’Ecole d’horticulture et l’Ecole ménagère agricole s’implantent
dans l’enceinte du jardin. Le Jardin d’Essai sera célèbre surtout par le
tournage en 1932 d’une partie du film Tarzan, l’homme-singe, avec le
légendaire Johnny Weissmuller. D’ailleurs, un arbre, situé dans le
jardin anglais, très connu sous le nom «l’arbre de Tarzan», est l’une
des principales attractions du site. La longue histoire de ce jardin
retiendra aussi qu’il a été occupé par les armées des Alliés en 1942, et
a subi aussi les bombardements de l’aviation allemande en 1943.
Après
l’indépendance, il sera repris par l’Etat algérien, mais il connaîtra
de longues années de dégradation. Il sera fermé de 2001 à 2009 pour des
travaux de réhabilitation. Il sera rouvert en 2009, pour le grand
bonheur des centaines de milliers de visiteurs qui viennent de tous les
coins d’Algérie. Outre le timbre sur le Jardin d’Essai du Hamma, la
série réalisée par Ali Kerbouche comprend également un timbre sur le
jardin Landon, de Biskra, et un autre sur le jardin Ben Badis, à Oran.
Le
premier est situé le long de l’oued Sidi Zarzour, saint-patron de la
ville de Biskra. C’est un magnifique jardin de 5 ha créé en 1872 par le
comte Landon de Longueville, un amoureux de la nature, pour acclimater
différentes espèces végétales méditerranéennes et tropicales. Le lieu,
appelé «Garden of Allah» par le romancier anglais Robert Hitchens, est
une source d’inspiration pour plusieurs artistes.
Parmi
les plus célèbres dans le monde des arts et des lettres, qui ont
séjourné à Biskra, on citera André Gide, Bela Bartok, Nassredine Dinet,
Eugène Fromentin, Henri Matisse, et même Karl Marx. Dans son testament,
le comte Landon de Longueville lègue son jardin à la commune de Biskra.
Après des années d’abandon, le jardin Landon vient de bénéficier d’une
réhabilitation.
Pour
le jardin Ibn Badis d’Oran, ex-Promenade de Létang, il a été aménagé en
1836 sur ordre du général français Létang, qui lui a donné son nom.
D’une surface de 6 ha, il est classé site naturel et patrimoine
historique de la ville d’Oran depuis 1952. Situé en bas de la place
d’Armes (place du 1er Novembre), le site permet de contempler la baie
d’Oran, ainsi que ses monuments archéologiques et historiques.
Malheureusement, il se trouve dans un état de délabrement désolant.
Par/Arslan Selmane
Un membre du CSSM sur le lieu de la découverte
Au
cours d’une mission d’exploration de la grotte dite d’«Hercule», sise
sur le flanc sud du mont Gouraya, l’équipe du Club de spéléologie et
sport de montagne de Béjaïa (CSSM) a trouvé, par pur hasard, trois
pièces de monnaie anciennes en or de l’ère des Almoravides.
La découverte a été présentée au public qui est venu nombreux, hier, au
musée Bordj Moussa, dans la haute ville de Béjaïa. Pour Hamid Yahi,
membre du club, «en réalité les pièces en or ont été découvertes à la
fin de l’année 2016 lors d’une expédition qui nous a permis d’explorer
deux grottes au Djbel Gouraya. Bien que nous considérions que c’était
une catastrophe naturelle, le feu qui a ravagé le mont Gouraya a permis,
toutefois, de dégager des voies que nous avons suivies afin de tenter
de trouver des cavités à explorer». D’ailleurs, ajoute notre
interlocuteur, «26 cavités ont été découvertes sur le même site, dont
deux sont importantes de par leur constitution».
La
grotte présente des traces d’occupation humaine remontant à l’époque
médiévale. Car d’autres objets ont été récupérés, comme des tessons de
céramique, des ossements non encore identifiés et autres bonbonnes
métalliques. Complètement émerveillés par leurs découvertes, les membres
du club ont compris qu’ils venaient de faire remonter des entrailles de
Gouraya une énième trace de l’histoire séculaire de leur ville. Afin
d’en savoir plus, la trouvaille a été remise entre les mains de
l’archéologue et enseignant-chercheur de l’université de Béjaïa,
Djermoune Hocine, afin qu’il puisse examiner les pièces avant d’entrer
en contact avec le directeur de la culture, qui s’est engagé à présenter
cette découverte pendant ce Mois du patrimoine.
M.
Djermoune est formel. Dans sa description et la présentation des
pièces, il a affirmé qu’elles ont été datées en l’an 1132, 1138 et
1142-1143, correspondant, respectivement à 533 et 537 du calendrier
islamique, soit la période de la présence des Almoravides dans l’ouest
de l’Algérie.
Le
dinar almoravide s’inspire, selon le chercheur, d’un spécimen de la fin
du quatrième siècle du calendrier islamique, celui de la dynastie des
Banu Midrar de Sidjilmassa (un des premiers émirats amazighs 7772 à
976), des Ibadites safria.
Il
analyse que l’écriture des premiers dinars almoravides est conforme à
celle répandue durant le Ve siècle de l’hégire. L’avers des dinars
présente des inscriptions religieuses et le nom du souverain de
l’époque. Au revers, les pièces portent dans le champ le nom de
«Abdallah, commandeur des croyants», et des légendes circulaires
indiquant la dénomination, le lieu et la date de frappe.
Pour
le chercheur, «l’événement almoravide fut une véritable révolution. Une
révolution non pas seulement politique, ni même sociale ou encore
religieuse, mais avant tout une révolution économique».
Et
de souligner à ce propos que «la clef de voûte de ce pouvoir, de ce
renouveau politique du Maghreb extrême de la 2e moitié du XIe- 1re
moitié du XIIe siècle, est en effet de nature commerciale : la maîtrise
du commerce transsaharien ramenant l’or depuis le pays noir jusqu’au
nord musulman. La manifestation la plus éclatante de cette réussite
étant la monnaie émise par le gouvernement almoravide». L’Empire
almoravide (1054-1147) est fondé et dominé par des tribus berbères
Sanhadja et leur territoire s’étendait sur la Mauritanie, le Sahara
occidental, le Maroc et l’ouest de l’Algérie.
Par
ailleurs, la cérémonie de présentation a été clôturée par la remise
d’une distinction au Club de spéléologie par l’Association pour la
sauvegarde du patrimoine culturel de la ville de Béjaïa. A la même
occasion, le directeur de la culture, Djamel Benahmed, a appelé les
citoyens à participer à la sauvegarde du patrimoine culturel de la
région en rapportant tout objet ancien qui pourrait prendre place dans
le musée de Bordj Moussa avant de saluer l’attitude responsable des
spéléologues de Béjaïa qui ont préféré partager le trésor.
Par/Nordine Douici
Costumes et habits traditionnels -
Un héritage fabuleux
Dans
un beau livre, paru en 2007 aux éditions Dar Ounoutha, Nafissa Lahreche
raconte, à travers une riche illustration, la magnifique histoire des costumes et habits traditionnels féminins en Algérie depuis l’époque ottomane à nos jours. Un patrimoine qui révèle une importante variété de modèles, de motifs et en couleurs, marquée d’une authenticité originale. Ce qui se dit également pour les costumes et habits portés
par les hommes ayant connu une réelle évolution à travers les siècles.
Il s’agit aussi d’un héritage culturel et patrimonial d’une grande valeur
symbolique, qui a résisté aux influences de la colonisation, avant de
céder face aux contraintes de la modernité. Comme dans l’ouvrage de
Nafissa Lahreche, qui revient sur l’évolution des habits d’extérieur et
d’intérieur pour femmes, la collection philatélique algérienne demeure
parmi les plus riches en timbres consacrés à cette belle thématique.
Une série de figurines de grande qualité esthétique et technique entamée
par les émissions de miniatures de Mohamed Racim représentant le faste
de l’époque turque, dont une première a vu le jour le 25 décembre 1965,
où l’on admire les beaux habits des musiciens, des musiciennes et de la
princesse «posant» dans la cour d’un palais. Une seconde émission suivra
une année plus tard, symbolisant le majestueux Barberousse, avec son
prestigieux costume, un cavalier en action et la toilette de la mariée.
La représentation des habits traditionnels algériens prendra par la suite
les allures d’une véritable collection de magnifiques tableaux de
l’artiste-peintre Bachir Yelles, qui a fait le tour de toutes les
régions d’Algérie, pour étaler toute la beauté et la finesse des habits
algériens. Une première émission de quatre timbres paraît ainsi le 16
octobre 1971, dans laquelle on retrouve la femme des Aurès habillée de
sa melhfa, la tête couverte d’une coiffe, à côté d’une illustration d’un
homme originaire de l’Oranie, avec djeba et burnous, et un homme de la
région d’Alger vêtu d’une chemise, un gilet, un seroual et une chéchia,
et enfin une femme de Djebel Amour, portant une robe naïlie de couleur
rouge.
Développant une belle suite dans les idées, Bachir Yelles réalisera une seconde
série émise le 18 novembre1972, représentant un homme du Hoggar avec sa
tenue mauve et bleu, une femme kabyle avec sa traditionnelle robe avec
accessoires, un homme du M’zab avec djeba, seroual, burnous et chèche,
et une femme de Tlemcen habillée en robe traditionnelle.
Le même artiste persiste et signe une troisième émission parue le 22
février 1975, où il illustre une femme algéroise en tenue d’intérieur,
avec seroual et gilet, une femme targuie avec sa robe traditionnelle,
une femme portant la robe oranaise, et un homme de Tlemcen avec seroual,
chemise et veste.
Cette belle thématique sera malheureusement interrompue durant de longues
années, avant d’être reprise par Ali Kerbouche, qui a rendu un hommage
aux légendaires haïk et m’laya, que les femmes algériennes portaient
avec grande fierté dans la région d’Alger, le Centre et l’Ouest, pour le
premier, et dans la région de Constantine et certaines villes de l’Est
pour la seconde.
La série du haïk et de la m’laya sortie en 2014 sera suivie en 2015 par
une deuxième réalisée par le même dessinateur et consacrée aux costumes
traditionnels pour hommes et femmes d’Alger et de la Kabylie. Les
costumes et habits traditionnels algériens ont connu une seconde
jeunesse, ces dernières années, suscitant un engouement remarquable
grâce à une génération douée de jeunes stylistes, hommes et femmes,
apportant une touche de création au seroual, melhfa du Sud, l’amlouf de
Laghouat, ou encore El Mehboub de Ghardaïa et El Oued.
D’autres
modèles revisités sont réapparus pour le burnous, la djellaba, la
djelila, la gandoura constantinoise, le karakou et le caftan pour ceux
qui en ont les moyens. Le plus étrange dans toute cette collection est
l’incompréhensible ratage d’Algérie Poste, qui n’a consacré aucun timbre
à la célèbre chedda de Tlemcen, classée en 2012 par l’Unesco au titre
du patrimoine culturel immatériel universel. Comme si cette
administration vivait sur une autre planète !
Par/Arslan Selmane